INOUBLIABLE
BASIL
MAN, SEA AND MUSIC
FAREWELL TO BASIL
Basil Poledouris a toujours écrit une musique raffinée et lyrique, souvent sophistiquée mais toujours accessible d'écoute.
Il y a bien une chaleur qui se dégage de la musique de Basil Polédouris. Son aisance d'écriture et ses leitmotivs musicaux sont élaborés sous de multiples dimensions, avec un style mélodique bien à lui et parfaitement identifiable. Il lui est arrivé de créer des thèmes simples et amples, fort bien écrits comme celui des « Misérables » ou de « Kimberly », mais bien souvent, Basil Poledouris concevait de larges parties symphoniques avec beaucoup de nuances et de trouvailles sonores, dans lesquelles il ajoutait une dimension synthétique là aussi largement reconnaissable, et qui confère à sa musique ce caractère si sophistiqué, si personnel et intrigant : c'était sa marque de fabrique !
Le superbe générique qu'il conçut pour le film « The Touch » est très représentatif de sa manière d'écrire. Le motif de fond est simple mais ce sont tous ces effets synthétiques nuancés et ces variations mélodiques qui le rende très intelligent et d’une richesse épatante. Basil possédait une palette de sonorités bien à lui et aimait en inventer de nouvelles chaque jour. Dans « Crocodile Dundee 3 », il créa ainsi des effets musicaux que d'autres compositeurs utilisèrent par la suite dans leurs propres scores. Et que dire de ses partitions mythiques comme « Conan », véritable ode au Golden Age hollywoodien avec une dimension opératique et lyrique époustouflante, et ses partitions belliqueuses et tragiques pour les films de Paul Verhoeven : « Flesh + Blood », « Robocop » et l’incontournable « Starship Troopers », véritable clé de voûte de la musicographie ô combien exceptionnelle de Poledouris.
PICTURE FLESH AND BLOOD - ORION PICTURES CORPORATION 1985 - ALL RIGHTS RESERVED
A ses débuts à l'USC, Basil racontait que lorsqu’il écrivait et faisait ses premières recherches sur synthétiseur, c’était une activité extrêmement chronophage mais qui le passionnait au plus haut point, omnubilé par la recherche sonore la plus sophistiquée. C'est cette passion pour la musique électronique, sa culture musicale et celle de l'opéra qui ont façonné l'artiste, le cinéma, tandis que sa femme Bobbie et ses enfants Zoë (qui est aussi compositrice pour le cinéma et chanteuse) et Alexis lui ont apporté l’équilibre souhaité dans sa vie privée…
Ses références musicales au cinéma étaient Miklos Rosza et Alfred Newman, et il remerciait aussi David Raksin pour sa pédagogie à l'USC et son ouverture musicale.
Sur une note plus personnelle, Basil Poledouris était aussi un musicien sensible, tendre et accessible, qui aimait la mer. Ses compositions furent souvent calmes et pleines de tendresse sa partition pour « Wind » est un hommage poignant au monde de l’océan, tout comme le diptyque « Free Willy » – mais elles pouvaient être aussi violentes, brutales et incroyablement rythmiques, comme en témoignent ses travaux exceptionnels pour Paul Verhoeven ou John Milius. Elles représentaient parfaitement ses deux facettes musicales.
C'était un géant sophistiqué de simplicité. A l’instar des maîtres comme Jerry Goldsmith, Michael Kamen ou Elmer Bernstein, le monde de la musique de film ne s’est jamais vraiment remis de son décès en novembre 2006.
Ceux qui ont eu la chance de le côtoyer une dernière fois au festival de musique de films d’Ubeda en juillet 2006 se souviennent d’un homme charmant et accessible, d’une grande générosité et profondément inspiré par son travail pour la musique au cinéma. Robert Townson, patron du label Varèse Sarabande, dira de lui qu’il était l’une des plus grandes « icônes » de la musique de film de son époque, une vraie légende en son temps qui n’a jamais trouvé de successeur par la suite.
C'est dans sa musique que vit Basil aujourd'hui...
Mais la musique de Basil Poledouris continue malgré tout de résonner encore aujourd’hui dans
nos coeurs : c’est ce que le compositeur aurait sûrement souhaité par dessus tout : que sa
musique survive et traverse les époques et les générations.