L'apogée d'un style
Photo film Conan the barbarian © 1978 Dino De Laurentiis Company · Universal Pictures. DR
Musical
impact
RETROSPECTIVE SCORE INTERVIEW
MAN, SEA AND MUSIC
KIMBERLY
DADDY WHO
COMPOSITION FOR FREDERIC GOLCHAN
Entretien effectué par Pascal Dupont
Lors du lancement du nouveau site français consacré à Basil Poledouris, il nous semblait important de contacter une personne «spéciale» qui avait côtoyé de près le compositeur avant sa disparition.
Un producteur ou un metteur en scène. D'un premier abord, on a pensé à Paul Verhoeven ou Simon wincer, des collaborateurs connus mais ces derniers avaient déjà été sollicité pour intervenir dans des documentaires d'éditions DVD de leurs films.
Je ne sais comment l’expliquer mais en regardant la filmographie de Basil, notre regard s'est figé sur le titre « Kimberly ».
Comme je n'avais pas en tête le nom de son directeur, je me suis mis à le chercher sur internet : Frederic Golchan qui en fait était le directeur mais aussi le producteur du film.
J’ai trouvé intéressant d’interviewer ce réalisateur peu connu qui avait choisi le grand Basil pour écrire le score de son film. De plus, Frederic était l’un des derniers réalisateurs à l' avoir côtoyé.
Non seulement il accepta de faire l'interview mais également de parrainer notre site pour le lancement. Frederic est un gentlemen Français courtois et super sympa avec qui nous avons passez quelques heures au téléphone et par mail.
Après lui avoir rapidement expliqué notre démarche, il nous donnait rendez-vous quelques jours plus tard...
Pascal Dupont :
Bonjour monsieur Golchan, avec un ami en France, je travaille sur la création d’un site internet totalement dédié au compositeur Basil Poledouris. Vous êtes l’un des derniers réalisateurs à l’avoir côtoyé. Seriez-vous d’accord pour m’accorder un petit entretien et me parler de votre collaboration avec ce compositeur de génie qui à fait la musique de votre film «Kimberly» ?
Frederic Golchan :
Bien-sûr, je serai ravi de le faire !
…
Quelques jours plus tard, Frederic Golchan me proposa de l’appeler à Los Angeles à son studio plutôt que de converser par mail en anglais. Il adhéra tout de suite au projet, c’est un homme très sympathique, très ouvert et très posé, avec une grande culture cinématographique.
Ce que je ne savais pas, c’est qu’il était français et qu’il avait passé beaucoup de temps en France. Ce fut une aubaine de pouvoir échanger avec lui en français car mon anglais laissait à désirer…
Pascal Dupont :
Bonjour monsieur Golchan, tout d’abord je vous remercie du temps que vous allez consacrer à cet entretien pour le site de Basil Poledouris. Avant de parler de cette belle collaboration, j’aimerai en savoir plus sur vous et votre formation en tant que producteur.
Frédéric Golchan :
Eh bien, je suis passionné de cinéma depuis mon plus jeune âge. Cette passion, je la dois surtout à Robert Amon, producteur français renommé qui était en fait le père de mon meilleur ami. Robert Amon travaillait avec Sanya Mnouchkine, père d’Ariane. Cette passion m’emmena à l’UCLA ou j’ai appris les ficelles du métier de metteur en scène. C’est à cette université que j’ai réalisé mon premier court métrage. Au début, je souhaitais devenir réalisateur mais très vite, j’ai été intéressé par la production. J’ai tout de même gardé à l’esprit de réaliser un jour mon propre film.
Pascal Dupont :
Vous avez co-produit « Twelve » de Joel Schumacher et en 1994 « Intersection » de Mark Rydell avec Richard Gere et Sharon Stone ?
Frédéric Golchan :
Oui « Intersection » fut une adaptation du film français de Claude Sautet « Les Choses de la vie ». Claude Sautet participa à l’élaboration du script mais le film fut un échec aux Etats-Unis et dans d’autres pays.
Puis en 1998, j’ai eu l'envie et l’opportunité de réaliser mon propre film « Kimberly ».
Pascal Dupont :
A quel moment de votre formation avez-vous été sensibilisé à la musique de film ?
Frédéric Golchan :
Très vite ! Pendant mes études, j’étais en stage à Paris avec Robert Amon qui co-produisait deux films de Claude Lelouch avec Sanya Mnouchkine : « Un homme et une femme » et « Vivre pour Vivre » , deux films en collaboration avec Francis Lai, compositeur attitré de Lelouch qui a fait deux musiques exceptionnelles que l’on oubliera jamais grâce à leurs thèmes musicaux romantiques.
Parallèlement, Sanya Mnouchkine produisait des films de Philippe de Broca, qui, lui, travaillait avec Georges Delerue sur « l’Homme de Rio ». Ils ont fait d’autres films ensemble dont « La Révolution Française ». C’est incroyable car Georges est venu vivre à Los Angeles ensuite et nous sommes devenus très bons amis.
Très jeune, j’ai aimé les musiques de film à la française, avec des grands thèmes. Je suis particulièrement sensible aux grandes mélodies.
Pascal Dupont :
Pour vous, une musique est essentielle dans un film ?
Frédéric Golchan :
Oui bien sûr ! C’est l’âme du film, elle est fondamentale, c’est son émotion, elle donne le ton, son identité et son humeur. Elle est en mariage avec lui.
Un film est délicieux avec une belle partition !
Pascal Dupont :
Frédéric, parlez-moi maintenant de votre film « Kimberly » et de sa genèse ?
Frédéric Golchan :
La genèse de mon film est simple, c’est une adaptation d’une nouvelle de Maupassant « Mouche, souvenir d’un Canotier ». Cette nouvelle issue du recueil « L’inutile beauté » nous raconte l’histoire d’une fille « Mouche » aimée de cinq joyeux canotiers. Un jour, elle se retrouve enceinte et chacun d’entre eux revendique la paternité de l’enfant. Je trouvais séduisant l’idée de transformer cette nouvelle aujourd’hui. J’ai donc transformé « Mouche » en « Kimberly ».
Pour le casting du rôle principal, j’ai choisi Gabrielle Anwar, une jeune actrice qui m’a tout de suite séduit. C’est la fille de Tariq Anwar, elle avait déjà quelques rôles à son actif. C’est une belle personne qui apporta de la fraîcheur et de la personnalité au rôle de Kimberly.
Pascal Dupont :
Et pour votre score, votre rencontre avec Basil Poledouris ?
Frédéric Golchan :
En fait, je ne souhaitais pas spécialement travailler avec lui, pas parce que je ne le souhaitais pas mais simplement parce que je ne pensais pas qu’il pouvait composer pour moi.
J’aimais beaucoup le compositeur italien Nicolas Piovani et je pensais à quelqu’un comme lui pour ce score. Il a écrit de très belles musiques mais pour ma production, j’ai fait appel à un agent spécialiste en la personne de Richard Kraft qui m’a proposé de travailler avec Luis Bacalov, très grand compositeur italien récompensé, et qui était libre. Quelques jours plus tard, je l’ai rencontré et lui ai présenté le script. Il fut séduit par une première mouture et aima le film. Il me confirma donc qu’il allait faire le score mais soudain, il ne me donna plus de nouvelle. Je n’ai jamais su pourquoi il n’était plus revenu vers moi. J’avais hâte d’entendre ce qu’il allait me proposer.
Quelques jours plus tard, j’ai rappelé l’agence de Kraft pour qu’il me présente un autre musicien. C’est à ce moment que Richard Kraft me proposa Basil, il avait du temps et décida de me rencontrer. Notre rencontre fut très amicale, c’était un homme sympa et très réceptif. Il aima beaucoup le film et accepta avec enthousiasme d’en écrire la musique.
Pascal Dupont :
Qu’avez vous pensé de votre rencontre ?
Frédéric Golchan :
Nous avons passé pas mal de temps ensemble et dès le départ, il y a eu une véritable entente et une grande sympathie entre nous. Basil a fait beaucoup de sacrifice pour faire la musique de mon film. C’était étonnant, il voulait réellement aider un film à petit budget, il y croyait ! C’était un challenge et aussi un cadeau qu’il voulait faire pour un premier film, presque comme un acte philanthropique, car je lui avais dit que mon budget musique était plutôt limité. Il y eu un moment où l’argent ne comptait plus vraiment, il eut un coup de cœur pour le film. Basil avait certainement compris que « Kimberly » était aussi le mien en tant que premier film.
Pascal Dupont :
Parlez-moi de votre travail ensemble.
Frédéric Golchan :
Après un premier échange, je suis donc allé le voir à son Studio "Blowtorch Flats" à Venice sur la côte ouest de Los Angeles, il travaillait avec une assistante, Kristina, si mes souvenirs sont bons. J’avais une idée très précise des thèmes que je souhaitais et l’échange avec Basil fut parfait. Je lui ai donc parlé d’une grande mélodie, d’un thème ample que l’on peut retenir facilement.
Ce n’est pas facile de parler musique pour un metteur en scène mais mes expériences passées en France et mes connaissances en musiques de film européennes m’ont permis d’aiguiller Basil sur le genre de musique que je souhaitais.
Pascal Dupont :
Comment se sont passées les sessions d’enregistrement ?
Frédéric Golchan :
En fait, mon budget ne me permettait pas d’avoir un orchestre. J’ai donné mes idées à Basil et il a fait le reste. Il composa la plupart des thèmes au clavier et travailla avec quelques instrumentistes lorsqu’il en eu le besoin. Il avait une grande maîtrise des claviers. Le score fut enregistré directement sur bandes, ce qui nous permis tout de suite d’avoir un disque CD qui fut rapidement édité par Varèse Sarabande.
Pascal Dupont :
J’aime beaucoup cette musique, elle est rafraîchissante et évocatrice. Le thème à la trompette a quelque chose de patriotique !
Frédéric Golchan :
C’est curieux ce que vous me dites. Je n’avais pas pensé à cela. C’est le thème de Kimberly, je ne sais plus pourquoi il est joué par une trompette, ce fut certainement une décision intuitive de la part de Basil. Les thèmes sont romantiques, enjoués, virevoltants et même jazzy. Ils reflètent bien mes directives.
Pascal Dupont :
Pour finir cet entretien monsieur Golchan, que gardez-vous en mémoire de cette collaboration occasionnelle avec ce grand compositeur ?
Frédéric Golchan :
Il est certain que je n’imagine plus « Kimberly » sans sa musique. La symbiose est parfaite et les deux, le film comme la musique, sont indissociables. C’est ce que je vous disais tout à l’heure, le film est très agréable grâce à sa belle partition.
Je n’imagine plus un autre compositeur. Le destin fut plus fort que les choix, nous devions travailler ensemble pour le meilleur. J’aime ce qu’il a fait artistiquement parlant mais j’ai apprécié le compositeur tout simplement et son état d’esprit. Son geste pour « Kimberly » est un réel cadeau pour moi. C’est unique et je le remercie !
Pascal Dupont :
Avec du recul, auriez-vous aimé avoir un autre musicien ? Le destin a bien fait les choses car Basil a composé la musique idéale pour « Kimberly ». On n’en imagine pas d'autre !
Frédéric Golchan :
Non, car il a vraiment fait ce que j’espérais de mieux et nous avons échangé beaucoup d’idées. De plus, il a compris exactement ce que je voulais.
Pascal Dupont :
Monsieur Golchan, je vous remercie humblement pour votre attention et votre écoute. Merci mille fois d’avoir accepté ma demande et pour le temps que vous m’avez consacré. Au delà d’un entretien sur la musique de Basil Poledouris, je suis content de vous avoir découvert en tant que producteur et d’en savoir plus sur votre parcours cinématographique. Nous avons plusieurs points en commun, en notamment celui d’être français, d’aimer fortement le cinéma, la musique de Basil Poledouris et celle de Georges Delerue.
Bravo encore pour votre collaboration qui permettra certainement aux futurs admirateurs de Basil Poledouris de découvrir la jolie musique de « Kimberly » et votre film par la même occasion.
Track listing <
1-Kimberly Main Title 2.37
2-Wake Up 1.33
3-Dating and Training 3.21
4-Early Row 1.13
5-Kimberly Confesses 2.20
6-Guy Montage 1.18
7-Hanging Attempt 1.28
8-Deeper Relations 2.28
9-The Race 3.09
10-New Years/Benchkiss 2.37
11-Rush To The Hospital 3.12
12-Proposal/Finale 3.13
13-Kimberly End Credits 3.22
Album produit par:
Basil Poledouris,
EDITIONS LP _ CD
KIMBERLY 1992
CD VARESE SARABANDE US VSD 6080
CD VARESE SARABANDE AL VSD 6080 2
Analyse réalisée par Quentin Billard
Réalisée par Frederic Golchan ce film intimiste nous raconte l'histoire d'un groupe de 4 amis passionnés d'aviron et qui, après avoir rencontré la ravissante Kimberly (Gabrielle Anwar) dans un restaurant, décident de l'engager pour qu'elle leur serve de coach. Attirés par son irrésistible beauté, les 4 amis se jurent de ne jamais tenter de sortir avec elle. Mais le pacte va très vite être brisé et chacun va tenter sa chance l'un après l'autre. Mais c'est Michael (Christopher Rydell) qui tombera véritablement amoureux d'elle et fera tout pour lui déclarer sa flamme. Séduite, Kimberly se laissera tenter et passera un peu de temps avec chacun des quatre garçons jusqu'au jour où elle finira par tomber enceinte. Surpris, les quatre compagnons ignorent encore tout de la vérité jusqu'au jour où Kimberly les réunit et leur annonce que cela les concerne tous. C'est là que les 4 amis découvrent que chacun a menti à l'autre et que le 'pacte' n'a pas été respecté. Après quelques disputes, les 4 camarades décideront de tout faire pour s'occuper dorénavant de Kimberly et son bébé et de veiller sur elle jusqu'à l'accouchement. Ce sera surtout pour eux l'occasion de donner un peu plus de profondeur à leurs petites existences ennuyeuses stimulées dorénavant par l'idée de devenir père, surtout pour Bob (Sean Astin), le gros 'bourrin' de service.
Comédie romantique sensible et amusante, 'Kimberly' est aussi une peinture étonnante d'une relation quasi polygamiste entre une fille et quatre garçons. Lorsque Kimberly tombe enceinte, on croit difficilement que les quatre garçons sont le père de l'enfant. Le plus surprenant, c'est qu'ils n'ont pas l'air d'être plus choqués que cela: ils semblent avoir oublié qu'une famille se construit à deux et non pas à cinq. Evidemment, la morale est enfin sauvée à la fin du film lorsqu'on apprend enfin qui est le véritable père du bébé.
Inspiré donc d'une nouvelle réactualisée de Guy de Maupassant 'Kimberly' est un film dynamique qui profita d'une très jolie musique écrite par le très inattendu Basil Poledouris.
Après les excellents 'Starship Troopers' et 'Les Misérables', Poledouris s'était fait discret. Son score pour 'Mickey Blue Eyes' est passé inaperçu comme celui de 'For Love Of The Game'. 'Kimberly' a connu un sort similaire étant donné que ce dernier a été composé pour un film qui avait totalement échappé au grand public et qui fut particulièrement sous-estimé par la critique.
La partition originale de Poledouris pour 'Kimberly' s'avère pourtant être une excellente surprise. Frais et plein de vie, le score de 'Kimberly' nous dévoile le côté plus léger et sensible du style de Poledouris, cantonné jusqu'ici aux films épiques, aux thrillers et autres productions d'action. Ecrit pour une petite formation instrumentale réunissant saxophone, synthé, batterie, guitare, piano et orchestre, le score de 'Kimberly' avec une légèreté étonnante la jolie histoire de Kimberly et de ses quatre nouveaux amis. Le 'Kimberly Main Title' nous dévoile ainsi le thème principal du score composé de deux motifs, le premier étant entendu par une clarinette légère soutenu par un rythme de cordes entraînant, le second étant entendu par une trompette et des cordes toujours aussi énergiques. En 2 minutes 30, Poledouris arrive à capter toute l'émotion du film à travers ce superbe 'Main Title' tout en finesse, frais et très mélodique.
Agréable serait le bon mot pour définir la musique de 'Kimberly'. Après un très joli 'Main Titles' à l'âme européenne où le compositeur joue sur la couleur de ses différents instruments donnant une énergique supplémentaire à sa musique, Poledouris va s'attacher à évoquer l'histoire du film sur un ton toujours très léger et plein de vie (on sent même une certaine nostalgie dans ce très beau 'Main Titles'). 'Wake Up' démarre ainsi de manière très vivante sur un rythme sautillant où le saxophone s'en donne à coeur joie soutenu par un piano sautillant, une batterie, une basse et quelques guitares pour le côté rythmique parfois un peu jazzy (c'est la richesse des orchestrations qui fait l'atout de cette petite partition fort sympathique). Le morceau intervient alors qu'il est sept heures et que les quatre amis doivent se rendre pour la première fois au port où ils vont prendre leur départ avec Kimberly, leur nouvelle coach. 'Wake Up' affirme un certain humour enjoué typique de la partition de Poledouris, un style qui n'est pas sans rappeler certaines partitions comédie de Marc Shaiman. 'Dating And Training' développe quand à lui le côté plus intime de la partition avec une facette romantique parfaitement maîtrisée par le compositeur. Ce dernier développe à merveille ses orchestrations et offre la part belle aux solistes - saxophone dans les moments plus humoristiques, hautbois, flûte ou clarinette dans les passages plus romantiques.
'Kimberly Confesses' est un peu plus étrange. Poledouris a écrit ici un petit ragtime très léger et amusant pour la séquence pourtant fort dramatique où Kimberly avoue la vérité à ses quatre amis qui commencent alors à se disputer violemment. Le compositeur semble avoir évité tout écueil dramatique en privilégiant ici une approche plus nuancée et carrément humoristique (un point majeur du score de 'Kimberly'). L'effet à l'écran est assez étonnant comme si la musique ne collait pas à la scène, et pourtant, le résultat n'en demeure pas moins fort réussi, Poledouris refusant de se prendre trop au sérieux. 'Guy Montage' développe le thème de Kimberly avec le saxophone accompagné de quelques guitares, un synthé et une batterie, tandis que 'Hanging Attempt' développe quand à lui le côté plus jazzy de la partition avec la section rythmique, guitares, sax et piano pour la scène où Walter (Robert Mailhouse) tente de se pendre après que sa fiancée l'ait quitté prématurément. Comme dans 'Kimberly Confesses', 'Hanging Attempt' apporte une touche d'humour à la scène comme si le but du compositeur était de dire aux personnages " vous en faites un peu trop, tout ca n'est pas si grave après tout... ". En tout cas, c'est bien la preuve que le compositeur ne manque pas d'esprit. 'Deeper Relations' reprend le thème de Kimberly sous une nouvelle variante plus romantique confié à des cordes avec guitares et un peu de synthé. Le thème est conçu pour personnifier l'héroïne campée par Gabrielle Anwar et s'affiche comme une mélodie résolument pleine de charmes et agréable, tout à l'image de l'héroïne du film. Chacune des variations que nous propose le compositeur apporte un petit plus à sa musique dans le film.
'The Race' évoque alors la course sur un ton plus majestueux et entraînant, Poledouris reprenant ici le motif de trompette du 'Main Title' sur un ton presque solennel. Poledouris s'est attaché à varier les ambiances, alternant moments nostalgiques avec romantisme et passages plus humoristiques et légers, le tout avec une très grande tendresse et une aisance d'écriture typique du compositeur. On retrouve finalement l'humour de 'Wake Up' dans l'entraînant et délirant 'Rush To The Hospital' conçu sous la forme d'une petite pièce swing/jazzy avec piano/batterie sautillante et saxophone survolté. Le morceau accompagne la scène où les quatre compagnons foncent comme des fous en direction de l'hôpital alors que Kimberly va accoucher dans peu de temps. Finalement, c'est le très beau 'Proposal/Finale' qui conclura le film sur une ultime touche de tendresse et de romantisme avec le 'Kimberly End Credits' qui résume toute les grandes idées du score de Poledouris.
'Kimberly' est un score malheureusement passé inaperçu en france. Très agréable, la musique de Poledouris nous prouve à quel point le compositeur est un maître de l'orchestre et sait manier les instruments avec une dextérité rare. La fraîcheur de sa partition est étonnante, surtout après avoir mis en musique des grosses productions plus sombres telles que 'Starship Troopers' ou 'Breakdown'. C'est la délicatesse de ses thèmes et de ses passages intimes qui fait toute la réussite de cette très belle partition qui aurait put devenir purement anecdotique si Poledouris n'avait pas mis tant de coeur à l'ouvrage en nous offrant une partition sincère et pleine de vie. Une bonne petite surprise qui mérite donc d'être redécouverte, surtout grâce à l'excellente édition de Varèse Sarabande.
Analyse de Quentin Billard